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Le catalogue Paris 1874 : une immersion dans l’univers des impressionnistes

Une grande rétrospective vient d’ouvrir ses portes au musée d’Orsay, « Paris 1874. Inventer l’impressionnisme », qui voyagera à Washington dès cet automne. A cette occasion, l’institution, gardienne de la plus riche collection d’œuvres impressionnistes au monde, expose près de cent trente quatre chefs-d’œuvre et prête des pièces majeures à plus de trente institutions culturelles réparties sur le territoire.
Pour accompagner cet exposition événement, notre maison s’associe au musée d’Orsay et coédite le catalogue de l’exposition. Publié en français et en anglais, il propose une immersion dans l’univers vibrant de l’impressionnisme.


Une boule de feu incandescente se lève sur la mer, toile d’azur, d’argent et de nacre, brossée par la main d’un maître. Dès la couverture du catalogue, les couleurs et les lumières d’Impression, soleil levant, le tableau de Claude Monet dont le titre a inspiré le nom du mouvement pictural, immergent le lecteur dans l’univers esthétique des impressionnistes. Sous les doigts, la texture rugueuse de la couverture évoque la toile de lin sur laquelle les peintres déposaient leurs touches de couleurs pures.

« Que s’est-il passé exactement en ce printemps 1874, à Paris ? »
« Le catalogue devait porter le discours de l’exposition et répondre à l’interrogation : “Que s’est-il passé exactement en ce printemps 1874, à Paris ?”, confie Jean-Benoît Ormal-Grenon, responsable éditorial au musée d’Orsay qui a supervisé le travail d’édition. Un collectif d’artistes “révoltés” organise sa première exposition indépendante. En quelques années seulement, cette coopération modifiera le cours de l’histoire de l’art en donnant naissance à l’impressionnisme. Pour comprendre cette date-clé, nous avons fait le point sur les circonstances qui ont mené ces trente et un artistes aux styles très différents les uns des autres à se réunir en coopérative et à organiser librement, en réaction au Salon officiel, une exposition sans jury ni récompense, affranchie des thématiques historiques ou mythologiques chères à l’Académie.
Il était important que Paris 1874 pose des repères en proposant une chronologie : celle-ci démarre en 1870, quand éclate la guerre franco-prussienne, bientôt suivie du soulèvement de la Commune de Paris, et se déroule jusqu’en 1877, date précise où ces artistes “révoltés” se proclament, pour la première fois, impressionnistes.
L’ouvrage, qui rassemble les meilleurs spécialistes sur le sujet de part et d’autre de l’Atlantique, retrace, à travers des analyses pointues et des éclairages inédits, l’avènement de ce mouvement artistique en pleine révolution industrielle, sociale et politique, dans un Paris transformé par Haussmann. C’est dans ce contexte de crise que les artistes ont repensé leur art, animés du désir d’oublier les horreurs des conflits, peignant des scènes de la vie moderne et des paysages croqués en plein air. »

« Les gazettes étaient les réseaux sociaux de l’époque ! Mon inspiration graphique est partie de là. »
« Avant de commencer à travailler sur le catalogue, intervient le graphiste de notre équipe, Léo Grunstein, nous avons été conviés, avec les éditions du musée d’Orsay, à la réunion inaugurale du projet, au cours de laquelle les commissaires de l’exposition, Sylvie Patry et Anne Robbins, ont restitué l’histoire de ce mouvement surgi d’un xixe siècle en pleine mutation. Très vite, elles ont évoqué le rôle de la presse, essentielle dans les débats autour de l’ »invention » de l’impressionnisme, et qui a érigé l’exposition de 1874 en événement. Elles ont notamment expliqué que, si l’exposition a été plutôt bien accueillie par les critiques qui s’y sont intéressés, elle a aussi fait l’objet de quelques comptes rendus moqueurs dans la presse, notamment celui de Louis Leroy dans Le Charivari, quotidien satirique d’alors. En les écoutant, j’ai compris que les gazettes étaient les réseaux sociaux de l’époque ! Et mon inspiration graphique est partie de là.
J’ai choisi un format étroit, tout en hauteur, qui rappelle les journaux de l’époque. Les typographies sélectionnées font écho à celles utilisées au xixe siècle : le lettrage des titres est très condensé, caractérisé par la présence notable d’empattements géométriques. La typographie des textes courants est conçue pour rester lisible, même en petit corps, et relève de caractères fréquemment utilisés dans les journaux.
La mise en page sur deux colonnes, la présence de filets en haut des pages et les légendes imbriquées dans le texte appartiennent également aux codes de la presse et sont autant d’échos à cette époque.

Pour l’intérieur du catalogue, nous avons choisi, avec Isabelle Loric, la responsable de fabrication, un beau papier qui conserve un toucher naturel. La surface mate de la qualité Arctic Volume White donne d’excellents résultats d’impression et une reproduction de haute qualité des images, qui sont très présentes dans l’ouvrage.
Le plat 1 de couverture est imprimé sur un papier qui imite la rugosité d’une toile de peintre. Il fait un retour sur la quatrième de couverture, où il recouvre un papier de création évoquant, lui aussi, l’univers de la presse. La couverture est tactile et visuelle, à l’instar des œuvres des impressionnistes, qui souhaitaient avant tout retranscrire des sensations. Enfin, la couleur des pages de garde rappelle l’orange lumineux du soleil levant de Claude Monet. »

Si l’impressionnisme a constitué une révolution artistique en France, il a aussi été un tournant dans l’histoire de l’art américain, inspirant une nouvelle génération d’artistes. Le choix d’Impression, soleil levant pour illustrer la couverture a été commun aux commissaires français et américains. « Chaque coéditeur a préparé les textes et les a fait traduire, précise Jean-Benoît Ormal-Grenon. Le graphiste, Léo Grunstein, a adapté la maquette de façon à ce que les deux versions puissent être imprimées simultanément, seuls les textes en noir nécessitant des modifications. La version anglaise, imprimée au départ pour les besoins de la National Gallery of Art de Washington, répond aussi à la demande de nos visiteurs anglophones, qui représentent une part importante du public du musée d’Orsay, mais aussi des autres institutions françaises célébrant cet événement national. »