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Quand l’union fait la force : le catalogue Expérience Goya

La collaboration sur le catalogue conçu pour le Palais des Beaux-Arts de Lille est un bel exemple d’« intelligence collective » pour Anne-Sophie Grouhel-Le Tellec, responsable d’édition à la Rmn-GP. Les clés de cette réussite ? « L’écoute, une bonne retranscription des attentes du commanditaire, de la confiance dans nos propositions et dans nos savoir-faire éditoriaux. »

La liste de leurs envies
C’est dans un esprit de joyeuse émulation intellectuelle que les éditions de la Rmn–GP ont été choisies par le Palais des Beaux-Arts de Lille pour accompagner le musée dans sa conception du catalogue de l’exposition Goya. Que l’exposition soit « immersive » et « écoresponsable », voilà les ambitions que s’était données le musée, dès le départ.
Pour limiter au maximum les transports aériens, le Palais privilégie la mise en valeur de sa collection permanente, fait appel à des œuvres de pays européens et inclut au parcours d’exposition des projections numériques.
« Il y a une vraie générosité dans la façon de construire ce projet, mais aussi de nous transmettre avec beaucoup de clarté ses fondements et de le partager avec le plus grand nombre », souligne la responsable d’édition.
Régis Cotentin et Donatienne Dujardin sont les commissaires. La principale attente qu’ils ont exprimée dans le cahier des charges est l’accessibilité de la publication dans sa forme, avec un format maniable et léger (17 × 24 cm), dans son prix (20 €), mais aussi dans son contenu, puisque le langage doit être à la portée de tout lecteur.
Difficile défi que le catalogue d’exposition doit relever. Tout à la fois livre d’art, outil scientifique, mémoire de l’événement, il est avant tout l’ambassadeur du musée. Pour l’institution lilloise, il constitue un outil de démocratisation culturelle, ayant pour vocation de partager l’art avec tous.

De l’écran à l’écrit
« Le premier échange avec les commissaires nous plonge avec délice dans l’univers tourmenté de Goya », se rappelle Anne-Sophie Grouhel-Le Tellec. Le projet met en lumière l’histoire de deux œuvres majeures du maître espagnol : Les Vieilles et Les Jeunes, qui trônent côte à côte depuis plus de cent cinquante ans au sein des collections du Palais des Beaux-Arts de Lille. Constituent-elles une paire d’œuvres indissociables ? Sont-elles des satires sociales et morales, des allégories sur les âges de la vie ?
« Nous découvrons une exposition qui mêle des peintures et des gravures à des projections, des vidéos et des ambiances sonores. Mais comment refléter le caractère immersif et sensoriel d’un tel projet dans un livre ? » s’interroge la responsable d’édition. « Les auteurs du catalogue sont aussi les commissaires. Nous nous concertons pour définir et finaliser ensemble le sommaire, choisir les illustrations parmi toutes les œuvres exposées et projetées. »
La narration sera finalement tissée comme une intrigue policière construite autour de l’énigme du supposé diptyque des Jeunes et des Vieilles. Cette quête constitue le fil conducteur du projet jusqu’à la révélation ; elle détermine également, lors de la création graphique du catalogue menée avec Cyril Cohen, l’articulation des œuvres, des essais, des notices et des citations. L’imbrication des textes déclenche une dynamique invitant à poursuivre la lecture. Des titres sont coupés net. Tels des éclats de mots, ils glissent de page en page, de texte en texte, mobiles comme sur la pellicule d’un film. De l’écran à l’écrit, les secrets se révèlent.
« Goya est l’artiste sur lequel le plus grand nombre de films ont été faits », précise Régis Cotentin, commissaire général et coauteur.

Et l’histoire continue… avec un nouveau projet en cours. Le Palais nous embarque dans sa vision immersive, numérique et profondément écoresponsable pour La Forêt magique, le prochain événement sur lequel les éditions de la Rmn-GP planchent déjà…