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Pénurie de papier : organiser l’incertitude

 « Quatre à cinq mois : c’est le délai actuel pour recevoir le papier de fabrication d’un catalogue, contre trois semaines il y a quelques mois », déplore Isabelle Loric, responsable de fabrication GrandPalaisRmnÉditions. Les éditeurs livrent aujourd’hui une véritable bataille pour parvenir à trouver et commander le papier nécessaire aux réimpressions et aux prochaines publications.

Pour livrer à temps le prochain catalogue de l’exposition « Munch », qui ouvre le 20 septembre prochain au musée d’Orsay, GrandPalaisRmnÉditions s’adaptent. Elles bouleversent leur calendrier et définissent très en amont les informations techniques nécessaires à la commande : le format du livre, son papier, son grammage et son tirage. Pour ce titre, elles déterminent déjà la quantité de papier qui sera nécessaire en format « utile » (c’est-à-dire sans gâche, ni perte).

Les causes de cette pénurie de pâte à papier sont multiples… La pandémie du Covid-19 a perturbé la filière. La reprise économique post-Covid, plus rapide qu’attendue, a eu de nombreux impacts sur la logistique, et a ralenti le transport du papier. Alors que l’essor du numérique avait déjà contraint un certain nombre d’usines papetières à cesser leurs activités, les périodes de confinement ont eu pour conséquence une hausse des achats en ligne et une surproduction d’emballages en carton. La fabrication des produits jetables, écologiques et sans plastique consomme aussi de plus en plus de pâte à papier. « Sur notre secteur, l’édition de beaux livres et de livres d’art, précise Isabelle Loric, les délais de livraison sont souvent doublés pour les papiers non couchés ou les papiers de création, par exemple. »

  « La maison anticipe et s’organise en conséquence »
La flambée de la demande a un impact aussi sur les prix. « Le coût du papier a pris en moyenne 20 % en quelques mois. Les fabricants de papier nous tiennent en otages, explique Isabelle Loric. Actuellement, le prix à la commande est “ouvert”, c’est-à-dire que nous ne le découvrirons qu’à la livraison, en mai. Il sera forcément plus élevé ! Le prix des transports a également fortement augmenté. La maison anticipe et on s’organise en conséquence ! »

Quel avenir proche ?
 « Malheureusement, les imprimeurs nous préviennent qu’on en a, au moins, jusqu’à la fin de l’année. »