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Petit Solfège illustré par Pierre Bonnard :
Les éditions de la Rmn-GP, le musée des impressionnismes Giverny et l’éditrice Annie Dufour au diapason

Le musée des impressionnismes Giverny dévoile un de ses trésors en exposant, jusqu’en octobre 2022, son exemplaire du Petit Solfège illustré par Pierre Bonnard, publié en 1893. À cette occasion, les éditions de la Rmn-GP, le musée et l’éditrice Annie Dufour produisent ensemble le fac-similé.

Petit Solfège illustré par Pierre Bonnard

1891. La villa Bach à Arcachon abrite la famille Terrasse. Elle est alors une maison pleine d’enfants, de rires et de jeux. Les discussions sont passionnées entre Claude Terrasse, compositeur d’opérettes alors très renommé, Andrée, sa femme, pianiste et répétitrice musicale, et le peintre nabi Pierre Bonnard, frère d’Andrée.

Pendant l’hiver de cette année-là, Claude Terrasse rédige un manuel de pédagogie musicale qui renouvelle le genre de l’époque. Pour l’illustrer et lui donner un ton gai et réjouissant, il demande à son beau-frère de prendre part au projet. Le peintre croque alors, dans des scènes comiques, des poses d’enfants caricaturales et tendres.
« Bonnard n’a pas eu d’enfant, mais il semble avoir été un oncle charmant et très attentif. De nombreuses photographies, dont certaines de Bonnard lui-même, conservées au musée d’Orsay, le représentent avec ses neveux en train de rire, de se baigner ou de jouer dans le jardin », révèle Annie Dufour, éditrice et directrice de la collection « L’Art à tout petits pas » pour les éditions de la Rmn-GP.

Petit Solfège illustré par Pierre Bonnard

En 1893, le Petit Solfège est imprimé, avec les dessins originaux reportés sur des pierres lithographiques. Un exemplaire, acquis en 2015, est conservé au musée des impressionnismes Giverny. Cyrille Sciama, le directeur du musée, raconte : « Lorsque je suis arrivé à Giverny en 2019, le Petit Solfège était inventorié comme un livre. J’ai préféré l’enregistrer comme une œuvre d’art, une estampe plus exactement. C’était dommage qu’il soit rangé dans le fond précieux de la bibliothèque et invisible à tous. Je souhaitais déjà l’éditer. »

Lorsque Annie Dufour découvre cette œuvre au musée de Giverny, elle est émerveillée par ce cahier illustré de « dessins très drôles. Du Bonnard tout craché ! » Avec Cyrille Sciama, elle propose un reprint aux éditions de la Rmn-GP, qui accueillent le projet avec enthousiasme.
Aussitôt, le musée prête l’édition originale du Petit Solfège pour le reproduire en fac-similé. Il s’enrichit de textes introductifs et de photographies de Pierre Bonnard qui restituent l’atmosphère légère et gaie de la maison familiale d’Arcachon.

Annie Dufour se souvient de la fabrication : « Nous avons passé beaucoup de temps à choisir le papier et à soigner la photogravure. Du point de vue éditorial, c’est un très bel objet, dont la fabrication a été confiée à Isabelle Loric des éditions de la Rmn-GP, qui s’est surpassée, comme à son habitude. »
« Les couleurs du Solfège étaient un peu passées, raconte la responsable de fabrication. Nous les avons retravaillées. Comme le résultat n’était pas satisfaisant avec les couleurs primaires, nous avons utilisé les couleurs Pantone. Après deux ou trois essais avec notre photograveur, les Artisans du Regard, les tons obtenus étaient ceux que nous recherchions. Enfin, pour rendre l’aspect d’un carnet d’école ou de partitions, les cinquante-deux pages ont été reliées au fil rouge par une couture écolière faite main. »

La baignade. Photographie de Pierre Bonnard
Photographie de Pierre Bonnard.
La baignade : Vivette au premier plan, Robert à l’arrière-plan et deux autres enfants, entre 1903 et 1905 © Rmn-Grand Palais (musée d’Orsay)

Cyrille Sciama tenait beaucoup à ce que « le livret, destiné à l’éducation, soit manipulable et permette aux enfants et à leurs parents d’inscrire des annotations sur les pages. Il ne faut pas trop sacraliser les œuvres d’art ! » Une page blanche, à la toute fin du Petit Solfège, propose donc d’ajouter des notes.

« Le “mode majeur”, la “joie” et la “gaieté” sont les derniers mots inscrits par Claude Terrasse sur ce solfège, relève Cyrille Sciama. Ils définissent tout à fait Bonnard, un homme plein d’humour, joyeux et rieur. »